Christelle SUKADI Mangwa, Cheffe de Travaux (CT) en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) à l’Université de Lubumbashi. Il y a quelques mois, elle a obtenu une thèse de doctorat, et sera bientôt nommée Professeur Associée en SIC. Elle est également co-responsable d’un projet mené conjointement par l’UNILU et l’ARES (coopération belge au développement) et qui consiste à instaurer le numérique dans les aspects pédagogiques à l’université de Lubumbashi. Christelle Sukadi est également Secrétaire générale d’une ONG de développement dénommé Mouvement des Jeunes pour la Dignité et le Développement (MJDD), ONG dans laquelle elle œuvre depuis plus de 15 ans. Elle est collaboratrice scientifique à l’université Catholique de Louvain en Belgique, où elle a obtenu son doctorat. En tant collaboratrice scientifique, elle est impliquée dans des projets de publication scientifique dans le domaine de la communication des organisations . Christelle est mariée et mère d’un petit garçon, et aussi choriste dans plusieurs chorales d’Eglise.

Cette semaine, le desk femme de globalinfos.net est allé à la rencontre de cette femme aux multiples casquettes.

Parcours d’une femme passionnée par le numérique avec un courage hors du commun

 

J’ai fini mon cycle de licence en 2011. Quand je fus étudiante , mon assiduité était remarquée par le corps professoral notamment le professeur Jacky Mpungu, ou encore le professeur Christian Nkunda qui m’avaient proposé de me lancer dans l’assistanat, pensant que c’était une voie qui m’irait très bien.
Personnellement, je le voulais aussi d’une certaine manière car j’assurais déjà des formations de jeunes dans plusieurs domaines, notamment à travers les activités de l ONG MJDD. Donc, à l’issue de mon parcours académique, j’ai soumis mon dossier d’assistanat, et l’administration étant ce qu’elle est, j ai attendu une année académique avant d être engagée comme assistante à l Unilu. En attendant, j’ai commencé l’assistanat à l’Institut Supérieur Interdiocésain Monseigneur Mulolwa où j’assistais notamment le Professeur Mukamba Longesha d’heureuse mémoire. En 2012 j’ai tout de même rejoint l’Unilu mais c’était d’ abord dans l’administration, où j’occupais le poste de Responsable de communication au sein du Service des Ressources Informatiques, géré alors par le Professeur Gabriel Ilunga Mutombo et Monsieur Steve Chitekulu. En 2013, alors que je commençais à être passionnée par le numérique, j’ai débuté comme assistante d’enseignement à l Unilu dans les cours d’informatique et télécommunications avec le Professeur Djongankodi. J’ai par la suite ajouté divers cours à mon cursus, en fonction de mes besoins d’apprentissage et de mes recherches.
En 2015, j’ai développé un nouveau site internet pour l’université de Lubumbashi, et mis en place une page Facebook officielle. Je m’impliquais avec mes collègues du Service Informatique, ainsi qu’une équipe d’étudiants stagiaires, à établir une visibilité de l’Unilu sur le web. C’est cette même année que le ”Bureau web” de l Unilu a été créé dans le cadre de la coopération entre l Unilu et l’ARES. Il avait pour objectif de contribuer à une meilleure communication de l’Unilu avec tous ses publics, en ayant notamment comme canal, le web (site web, réseaux sociaux, etc). Comme Responsable du Bureau Web j’avais également la mission d’instaurer une “culture TIC” au sein de la communauté universitaire.
En 2017, après la publication d’articles et la défense de mon mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) ayant porté sur le changement organisationnel lié à l’intégration d’un logiciel de gestion académique à l’ UNILU, je suis passée au grade de Cheffe de Travaux. Et la même année, j’ai entamé des recherches doctorales au sein de l’Université Catholique de Louvain en Belgique. J’ai obtenu mon doctorat en septembre 2022.

 

Quelques défis relevés dans son parcours en tant que femme

Dans le milieu professionnel et dans la société, j’ai rencontré des misogynes, des personnes qui ont cherché à me rabaisser parce que je suis une femme. Mais pour être tout à fait honnête, je n ‘y ai jamais accordé de l’importance, ça n’en valait tout simplement pas la peine.
Chère Ruth (rire), pour tout dire, je pense que j’ai eu à faire face aux mêmes difficultés que mes collègues hommes.
J’ai dû comme tout le monde, montrer de quoi j’étais capable, dans un contexte académique où les compétences sont jugées, jaugées , analysées et mises à l épreuve au quotidien.
J’ai également dû défendre l’honneur de mon pays et de mon université de base, notamment durant mon parcours doctoral en dehors de mon pays.
J’ai eu à motiver des jeunes hommes et femmes face aux difficultés rencontrées dans leurs vies sociale et professionnelle. Ces quelques défis ne sont pas intrinsèquement liés au fait que je sois une femme. Peut-être que mon caractère de têtue et de femme déterminée m’empêchent de voir les freins liés au fait d’être femme. C’est tant mieux!

Déterminée à laisser ses empreintes dans le domaine du numérique pour la gouvernance des organisations

 

Actuellement je suis à la fin d’un congé de maternité, et donc je vais rentrer à l’université de Lubumbashi bientôt pour commencer mes enseignements au deuxième semestre. En entendant, je m’occupe de ma famille , car j’ai passé cinq années loin d’elle.
Je suis également impliquée dans des projets de publication, étant donné que j’ai soutenu ma thèse , je fais tout pour la vulgariser à travers des publications scientifiques sur lesquelles je travaille en ce moment. Je travaille également sur des publications collectives avec des collègues de l’Université Catholique de Louvain.
Dans un autre volet plus administratif, je suis co-responsable du Résultat 4 du programme de coopération ARES-UNILU (Coopération belge). Ce Résultat, qui est à considérer comme un objectif à atteindre, consiste en la mise en place d ‘un service permettant d’intégrer le numérique dans la pédagogie universitaire . La mission est notamment d’accompagner les enseignants en leur fournissant les ressources nécessaires pour organiser des enseignements à l’aide de supports disponibles en ligne.
Je pense que les chercheurs en communication doivent documenter de manière abondante les expériences avec les TICs (Technologies de l’Information et de la Communication) dans nos organisations. C’est dommage et en même temps révoltant que la plupart des ouvrages dont nous disposons pour enseigner en communication proviennent encore aujourd’hui d’autres continents, alors que nos diverses institutions publiques ou privées, nos start-up ,nos structures congolaises et africaines regorgent de situations qui valent largement la peine d’être analysées, documentées et mises en avant. Moi je le ferai pour ce qui concerne le numérique mais je sais que dès à présent et pour les années à venir, plusieurs thématiques seront abordées par mes paires. Comme vous pouvez le constater, j’ai du pain sur la planche pour les années à venir (rire).

 

Les rêves quelle a pu réaliser

Je suis entrain de réaliser une partie de mes rêves car je me suis retrouvée dans la posture de la personne qui enseigne, donne et partage. Ces échanges au tant dans l’auditoire avec des étudiants que dans les séminaires, colloques avec les collègues, me sont bénéfiques. J’aime bien me retrouver dans des interactions, où on échange pour faire avancer les choses. Ruth, les autres rêves, je les garde encore dans ma boîte (rire) parce qu’ils sont en cours de réalisation.
Plus sérieusement , j’ai toujours voulu faire bouger les lignes et rendre service. J’aime bien rendre service aux gens, et l’ONG dans laquelle j’évolue m’a permis d’atteindre cet objectif. Que ce soit dans ma vie professionnelle ou sociale, j’ai pu vivre de très belles expériences (tel que représenter la jeunesse congolaise à l Union Africaine), j ai pu partager (avec mes collègues chercheurs, avec des nécessiteux, avec des jeunes en quête de savoir) , j ai pu apporter ma pierre à l’édifice (en initiant des projets, en contribuant comme communicologue au fonctionnement des organisations ) ,j’ai pu aussi rencontrer plusieurs personnalités (notamment le pape François ou encore le Président Barack Obama pendant qu’il était encore président des États-Unis). Que ce soit à l’Unilu, dans l’ONG, à travers mes activités d’Église, j’ai toujours eu l’honneur de faire partie de projets innovants qui permettent de faire avancer. Ce sont des rêves que je réalise, et j’espère que d’autres vont éclore et se réaliser !

Un mot à la femme

Il faut mériter les places et postes que l’on recherche. C’est vrai qu’il existe encore des inégalités entre hommes et femmes (à compétences égales), et c’est pourquoi les mouvements féministes existent encore. Cependant, s’il faut briser le plafond de verre, il est important d’y être préparée. Formons-nous, développons nos capacités. Que l’on veuille devenir avocate, mécanicienne, vendeuse, enseignante, maraîchère, il est important de développer ses capacités, d’acquérir des compétences.
Ce message est valable aussi pour les hommes, méritons nos attributions dans la société. Il faut se fixer des objectifs, se donner les moyens de les réaliser où que l’on soit, qui que l’on soit.

Christelle SUKADI MANGWA a obtenu son diplôme d’État en Math-Physique et rêvait de devenir architecte .
À l’âge de 11 ans, elle a travaillé comme enfant journaliste en collaboration avec l UNICEF. La communication étant son deuxième choix, elle arrive au département des SIC où elle a préféré la Communication des Organisations au journalisme. Au début , elle n’aimait pas particulièrement cette filière, mais au fil du temps, elle a appris à aimer la communication et ne regrette plus son choix. Pour elle, le hasard n’existe pas. Elle croit que Dieu place chacun (e ) sur le chemin où il (elle ) doit être .
Christelle reste optimiste et croit que le meilleur est devant elle. Pour atteindre 1000 pas dit-elle, il faut bien commencer par un, puis deux, et ainsi de suite.

 

Ruth KUTEMBA