Avant de devenir militante des droits de la femme et de l’enfant, Maggy Mokolo est d’abord cette petite fille qui façonne la robe de sa poupée à son gout ; la jeune adolescente qui collectionne des robes de mariée sur son portable et la jeune dame qui a fini par monter sa boutique de rêve Dream Girl.

Après un cursus scolaire qui s’achève par l’obtention d’un diplôme en Commerciale, la vendeuse de rêve passe 2 ans d’études à la faculté d’économie et très vite, elle met fin à cette aventure. Elle suit quelques formations en décoration en Afrique du Sud et prend des cours de secrétariat à l’université de Liège via Internet. Tout ce qui lui a fallu pour en arriver là.
Le desk femme de Globalinfos.net est parti à la rencontre de la jeune entrepreneure qui a réalisé son rêve d’enfance en y consacrant beaucoup de temps et en y mettant du cœur.

Dream Girl c’est un rêve qui a commencé quand j’étais encore toute jeune…

Dream girl c’est un rêve qui a commencé quand j’étais encore toute jeune. Maman me raconte une fois ceci : j’avais une poupée qui portait une robe blanche à laquelle je ne cessais d’ajouter la traîne. Elle me répétait mais ça c’est finalement quel genre de traîne ? Et je lui disais maman il faudrait que la traîne soit longue. (Rires)
Chaque fois qu’elle avait du temps pour qu’on confectionne entre nous, je voulais toujours faire des robes de mariée et j’ai grandi comme ça. Quand j’allais sur internet, je collectionnais toujours des robes de mariée parce j’aimais. A ma passion j’ai ajouté quelques formations et j’ai monté Dream Girl il y a 10 ans, en 2011.

Dès le premier contact, j’ai eu des surprises… J’ai vendu une robe pour un enterrement…

Quand Dream Girl a ouvert, à la base c’était pour vendre les robes et non louer. C’était là la difficulté à mes débuts. Mais dès le premier contact, j’ai eu des surprises.
Quand je vois une cliente se regarder dans le miroir et s’admirer, ça me fait plaisir. C’est juste waouh ! c’est inexplicable. Parfois moi-même je vois des photos sur Facebook et je me dis waouh ! Elle est belle cette robe et quand je zoom, je me dis : Tiens ? C’est ma robe ça ! Ça fait plaisir. Pas seulement, il m’est arrivé plusieurs fois, d’entendre des gens qui parlaient de moi sans savoir que j’étais là. Une fois, j’étais à un deuil et j’entends une femme qui se vente en disant : Ecoute ! De toute façon, je me suis habillée à Dream Girl hein ! Et une autre dit : Moi aussi ! Et leur grande sœur dit : mais voici le proprio de Dream Girl ! Et moi je les regarde, je ne me souviens même plus de leur visage. Il y a des clientes qui envoient des photos et d’autres qui jouent aux dures. On comprend, on ne force pas la main.
Une fois, quelque chose d’étrange m’est arrivé, j’ai vendu une robe pour un enterrement. Ça m’avait fait mal à la tête et j’ai fermé la boutique. Ce jour-là, une femme arrive, son attitude était différente de toutes les autres. Elle n’avait pas la tête d’une fête. Elle me demande une robe qui peut aller à une fille de 17ans. Je propose une robe de demoiselle d’honneur, mais elle insiste sur une robe de mariée. Je trouve la fameuse robe et quand je lui demande des précisions sur la taille, elle me répond, qu’elle ne savait pas l’emmener, puisque c’est une personne qui est décédée. Je fais la facture, je ferme la boutique et je rentre dormir. C’était trop dur. Mais je crois qu’on finit par s’habituer et ainsi va la vie.
Aujourd’hui je compte plus de mille personnes qui ont porté mes robes. Je voulais aller à Kolwezi, c’est fait. À présent, nous visons Kinshasa, Dieu voulant, l’année prochaine nous y serons. Et j’aimerais que les Dreams se transforment en Dream baby, Dream boy, avec le temps.

ADEF, c’est une toute autre histoire…

ADEF signifie Association Donnant Espoir aux Femmes. C’est un groupe de femmes que j’ai initié en 2013, en mémoire de ma mère. Après un petit moment de pause, j’ai redémarré en 2017. Ces femmes adhèrent avec leur propre consentement en fonction de la vision que nous avons et des objectifs que nous poursuivons. Nous militons pour les droits de la femme et œuvrons encore personnellement comme une ONG, sans l’aide du gouvernement, qui serait toujours la bienvenue. Nous abordons différentes thématiques lors de nos réunions et intervenons lorsqu’il nous est lancé un cri de détresse. J’y mets beaucoup de temps et beaucoup de cœur.
Notre but est également celui d’aider les orphelins, parce qu’ils ne le sont pas pour eux-mêmes, ce sont aussi nos propres enfants que nous devons aider.
Ce que je peux dire aux femmes, quel que soit le lieu où elles se trouvent, c’est à la fois de rester traditionnelle et actuelle. Tu es femme, tu peux t’organiser et te battre. Tu peux créer ton propre travail à partir de chez toi. Femmes, réveillez-vous un peu, n’attendez plus que la manne tombe du ciel. Nous ne militons pas pour ensuite rester à la maison, à ne rien faire. Aidez aussi d’autres femmes par vos conseils, si pas toujours financièrement.
Il y a aussi des femmes que j’appelle hommes et je leur donne beaucoup de respect. Elles viennent de loin, panier sur la tête, parcourant toute la ville pour une cause noble. Je les encourage.
À ne pas confondre avec ces femmes égoïstes qui, malgré les moyens, ne peuvent pas se faire plaisir parce qu’elles ne veulent pas. La femme c’est de l’entretien, c’est être belle et tout ce qui va avec. Quand un homme dit : _Les femmes sont toujours en retard … pour nous, il suffit d’être coiffé et ça y est, nous sommes prêts en 5min…, moi je dis : Écoute ! Le cas de la femme est différent. Il me faut une manucure, une coiffure, un maquillage, je dois me regarder 5 fois dans le miroir… C’est aussi important. (Rires)
Queen Mag., pour les proches, est un presque tout en un. Elle a longtemps été wedding planner, métier dont elle s’est détachée récemment. Elle est maquilleuse, mais ne coiffe pas. Elle s’est aussi lancée dans l’organisation des fêtes d’anniversaires. Cette femme est une preuve qu’on peut réaliser son rêve d’enfance et vivre de cela.

Eunice Musau