Ce nouveau mode opératoire des malfrats a déjà fait plusieurs victimes dans la ville de Goma. Depuis le début de l’année 2017, plus de 100 enfants ont été enlevés et gardés dans des endroits secrets en attendant le versement d’une rançon telle que demandée par les ravisseurs.

Phénomène étrange et peu connu pendant les années passées, l’enlèvement des enfants est sur toutes les langues ce dernier temps dans la province du Nord Kivu. Le cas le plus récent est l’enlèvement de 4 petits garçons, dont un a été sauvagement égorgé par les ravisseurs, et jeté près de chez eux. Ces derniers auraient pris contact avec les parents de chaque enfant pour demander une rançon.

Une nouvelle qui a touché toute la population de Goma, surtout après la découverte de la  victime de bon matin dans la rue. Mercredi 31 mai dans la journée, la police a annoncé avoir arrêté un groupe des présumés kidnappeurs.

Pour bien comprendre ce phénomène, Global Infos a approché un défenseur des droits humains en la personne Maître Jean-Paul LUMBULUMBU qui a aussi une casquette politique. Pour lui, il s’agit simplement du « terrorisme ». Il répond aux questions de votre site.

GLOBAL INFOS : Le phénomène kidnapping devient monnaie courante à Goma, chaque semaine on compte au moins un cas, quelle analyse faites-vous de cette situation ?

J.P LUMBULUMBU : « La résurgence du Kidnapping à Goma est un défi lancé par les malfaiteurs à la Police et les services de renseignement. Nous avons interpellé les services sur le kidnapping de quatre enfants à Goma dont l’un a été sauvagement égorgé. Entant que parent, nous avons fait un appel à la collaboration avec la police et la surveillance des enfants ».

G.I. : Une rançon a toujours été demandée par les ravisseurs, pensez-vous que la pauvreté soit à  l’origine de cette nouvelle forme de criminalité ?

J.P L. : « c’est relatif. La criminalité dans les villes modernes n’a pas seulement comme mobile la pauvreté ou la mendicité. Le Kidnapping qui est une autre forme de “terrorisme” peut être aussi une manière de faire passer un message. Il faut aller au-delà des faits pour imaginer ce que visent réellement ces kidnappeurs. Si la motivation est la pauvreté, cette dernière n’est pas une justification d’un tel fait. C’est pourquoi, le pouvoir judiciaire, au-delà de la mission répressive, doit aider la communauté à faire parler les auteurs de tels faits sur le mobile de leurs actes adieux ».

G.I. : pour demander la rançon, ces ravisseurs utilisent des numéros téléphoniques, que disent les forces de l’ordre après identification de ces numéros ?

J.P L. : « J’ai encouragé l’opération d’identification des usagers des réseaux de télécommunication. Elle permet de retracer l’identité de toute personne suspecte. Moi-même et ma femme avons été victime de menaces de mort par téléphone le 17-12-2016, le  malfrat exigeait 5000 USD pour nous laisser la vie sauve. C’est grâce à l’identification et la collaboration de Airtel et le parquet de Goma que la Police a mis la main sur le malfaiteur, il a été déféré devant le juge et purge sa peine à la prison de Munzenze. C’était un ancien domestique qui a travaillé chez moi. J’encourage donc la collaboration entre le PNC et les maisons de communication à cet effet. C’a été le cas, je pense, pour le cas des kidnappings d’enfants à Goma ».

G.I. : Mercredi, la police annonçait l’arrestation des présumés kidnappeurs, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

J.P L. : « La Police a arrêté une dizaine des présumés Kidnappeurs. Mais attention, ce ne sont que des présumés, donc des personnes simplement soupçonnées, à tort ou à raison, par la Police. Nous félicitons la Police pour avoir commencé les enquêtes mais l’anticipation serait mieux que la répression après la commission des faits. Nous insistons que nos services aient des stratégies d’anticipation des faits… c’est ça le professionnalisme. Nous avons alerté sur les réseaux sociaux le kidnapping de ces enfants, nous avons responsabilisé la Police et l’ANR à nous ramener les enfants vivants, nous suivons la situation de très près et nous informons l’opinion au fur et à mesure. Mais la population, en colère, doit faire confiance à notre Police et éviter de se rendre justice ».

G.I. : Avez-vous une quelconque inquiétude quant à cette situation ?

J.P L : « En tant que parent je suis très inquiet. Les enfants sont pour moi un trésor. Leur sécurité est pour moi la priorité. Je lance un appel aux parents de renforcer les mesures de sécurité et de surveillance des enfants mais aussi aux autorités locales de prendre des mesures idoines pour la protection des enfants ».

G.I. : que pouvez-vous proposer ou suggérer ?

J.P L. : « Comme notable du Nord Kivu et habitant de la ville de Goma, je propose la création des Comités de surveillance pour la sécurité de nos enfants sur chaque avenue. Ce comité sera dirigé par les “Nyumba-Tatu” (Trois maisons) et composé des jeunes, des femmes et les organisations locales actives dans chaque avenue avec comme mission de surveiller mutuellement les milieux des jeux de nos enfants et dénoncer auprès de la police tout cas suspect ». A conclu Maitre Lumbulumbu.

 

DJAFFAR AL KATANTY

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