Mugabo BARITEGERA, Benito MUPENZI, Precy MUMBI et Cruzz Taylor KASEREKA ; respectivement artiste photographe, peintre, plasticien et danseur contemporain sont aux arrêts depuis le 23 juin 2017. Envoyés par le parquet de grande instance de Goma à la prison centrale de Munzenze pour trouble à l’ordre public, ces jeunes ont reçu un soutien unanime des artistes de la ville volcanique.
Incitation à la désobéissance et la rébellion, trouble à l’ordre public, voilà les charges dont la justice de Goma accuse ces 4 artistes dont la dernière performance dénonçait les violences enregistrées au Kasaï et à Beni. Mais comment une personne tenant une brosse à peinture, un pinceau ou une guitare peut-elle inciter à une rébellion ? S’interrogent les artistes de la ville de Goma qui voient en cette arrestation un moyen de leur priver la liberté d’expression.
Pour rester solidaires avec leurs amis, les artistes ont lancé ce mardi 27 juin 2017 à « Goma Art Galery, la campagne « UHURU SANAA » (la liberté de l’art). Peintres, dessinateurs, musiciens, photographes, danseurs, plasticiens, designers se réunissent pour cette cause. Papy KAYIHURA, juriste, artiste pluridisciplinaire, directeur-manager de Nyiragongo Creative Design et communicateur de Goma Art Galery nous rapporte : « généralement, les artistes s’expriment de leur manière, à travers des expositions, ils organisent des performances pour sensibiliser le peuple. Nos homologues Mugabo, Benito, Precy et Cruzz ont organisé cette performance sur la voie publique pour s’exprimer sur ce qui se passe dans le pays, à Beni et au Kasaï surtout. Parce qu’ils en avaient marre d’entendre que des compatriotes se font tuer, et comme artistes, ils ont trouvé bon d’organiser cette performance artistique pour adresser un message auprès de l’opinion publique pour prouver que même si un artiste est occupé par son tableau, sa chanson ou n’importe quelle œuvre, il est aussi touché par ce qui se passe dans le pays. Malheureusement un policier de circulation les interpellés et a appelé l’intervention de la police de proximité. Un officier est arrivé il a dit qu’ils sont en train de créer une rébellion, il les a menottés et acheminés au parquet où ils sont restés 2 jours puis ils ont été transférés à la prison centrale Munzenze. »
Dans leur démarche, les artistes veulent faire entendre leur voix en vue de la libération de leurs homologues : « Nous voulons savoir pourquoi ils ont été arrêtés. Ils n’ont rien fait de mal. Et ce n’est pas leur première performance publique. Il n’y a pas un mois, lors de la célébration de la journée mondiale de l’environnement, ils ont fait une grande performance publique et sur toutes les grandes routes de Goma, ils sont même arrivés à la mairie. Ils n’ont jamais été arrêtés pour ça ! Et pourquoi lorsqu’ils s’expriment contre le massacre des congolais, on les arrête ? Nous dénonçons cette façon d’agir des autorités. Selon moi il n’y a aucune infraction, mais nous souhaitons rester dans le normal, nous attendons la tenue du procès.» A-t-il conclu
Djaffar AL KATANTY