Le 28 mai de chaque année, le monde célèbre la journée de l’hygiène menstruelle. L’intérêt de cette journée est, à tout point de vue, de briser le tabou et de sensibiliser à l’importance d’une bonne hygiène menstruelle chez les femmes et en particulier les adolescentes à travers le monde.

Le 28 mai a été choisi pour sa symbolique. En effet, cette date a été choisie car mai est le cinquième mois de l’année, et la période de menstruation des femmes dure en moyenne cinq jours. Le 28 a été choisi parce que le cycle menstruel moyen est de 28 jours.

Le thème retenu pour la journée mondiale de l’hygiène menstruelle pour l’année 2021 est « Action et investissement en faveur de l’hygiène menstruelle et de la santé. » Briser le tabou autour des règles et faire en sorte que chaque femme ait accès à des protections hygiéniques, c’est l’objectif de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle. L’hygiène menstruelle se définit comme un accès à des produits propres pour absorber ou recueillir le sang menstruel, et ces dispositifs peuvent être changés en toute intimité aussi souvent que nécessaire pour toute la durée de la menstruation.
Une bonne gestion de l’hygiène menstruelle comprend également l’utilisation de l’eau et du savon pour laver le corps, aussi souvent que nécessaire ; et l’accès à des installations pour utiliser et gérer les dispositifs de flux menstruel.
Les règles ou menstruation sont définies comme une desquamation périodique de la muqueuse de l’endomètre, qui se traduit par un écoulement vaginal (sang) survenant chez la femme non enceinte entre la puberté et la ménopause. Les règles sont saines et normales !
La menstruation est la manifestation du cycle ovarien, ou cycle menstruel, qui obéit à la sécrétion cyclique d’hormones (Œstrogènes puis progestérone), laquelle prépare la muqueuse utérine à une éventuelle nidation d’un embryon. Lorsque la fécondation n’a pas eu lieu, le taux de progestérone s’effondre et la muqueuse utérine, gorgée de sang, se détache, déclenchant les règles.
Les règles s’établissent à la puberté, en moyenne entre 13 et 15 ans, et cessent à la ménopause (52 ans en moyenne), irréguliers au début, le cycle se régularise selon une durée très variable d’une femme à l’autre (de 21 à 45 jours avec une moyenne de 28 jours). La durée du saignement varie aussi selon les femmes (entre 2 et 6 jours, en moyenne 3 ou 4 jours)
Globalinfos a contacté un Médecin pour comprendre les pratiques, perceptions et barrières de l’hygiène menstruelle à Lubumbashi.

Le sujet est réellement tabou dans notre milieu, on n’en parle pas. Il dit qu’il existe deux types de protections hygiéniques (interne et externe), à Lubumbashi ce sont des protections externes qui sont beaucoup plus utilisées (Diva, Naomi, Always, icona, etc.), les protections internes sont très rares sur le marché et présentent un risque accru d’infections. Dans certains milieux moins nantis ici à Lubumbashi, certaines femmes et en particulier les adolescentes recourent encore à ce jour à des morceaux de vieux pagnes et habits usagés qu’elles utilisent au moment des règles” a précisé, à Globalinfos.net, le Professeur Docteur Richard MUKENDI, Gynécologue.

Ainsi demande-il une implication de toute la communauté pour améliorer la situation, particulièrement aux organisations non gouvernementale impliquées dans la promotion et la protection des droits de la jeune fille, ainsi qu’aux églises ” de faciliter l’accès aux protections hygiéniques surtout pour les plus défavorisées; d’initier des journées de réflexion et des campagnes de masse, d’organiser des conférences et des recollections où ces questions peuvent être traitées sans tabou “.

Et en abordant des thématiques telles que comment se comporter pendant les règles ? Quoi porter ? Comment se laver ? Comment laver les bandes hygiéniques ? Et comment les conserver ?

Et de poursuivre :

Les jeunes filles âgées de 6 à 10 ans doivent participer au débat question de les préparer à accueillir leurs premières règles qu’on appelle ménarches “.

Il recommande en outre aux parents d’aborder la question avec les jeunes filles et d’éviter des informations parcellaires, qui les mettent dans une situation où elles sont contraintes d’aller chercher un complément d’information dans la rue auprès des amies.
Docteur Richard MUKENDI a également salué le programme scolaire en vigueur qui prévoit des cours d’éducation à la vie en cinquième et sixième année primaire et le cours de biologie aux élèves du secondaire; et veut qu’on aille plus loin dans ce sens.

Globalinfos s’est également entretenue avec ILUNGA MBUYA Chanick. Celle-cielle est licenciée en santé publique, et coordonnatrice nationale de l’ONG AILES DU CŒUR, présidente AfriYAN Haut-Katanga, et coordonnatrice nationale YOUTH SPRINT. Elle nous a partagé son expérience de quelques cas vécus personnellement. Il s’agit pour le premier cas de la situation des femmes et jeunes filles vivant autour de la carrière de TOKOTENS à Kambove, en effet elles ont un sérieux problème d’accès à l’eau potable, et utilisent des vieux morceaux d’habits usagés et des morceaux de pagnes au moment des règles, qu’elles nettoient dans des seaux aux multiples usages dont torchonner la maison et les réutilisent plusieurs fois. Le deuxième cas est celui des enfants de la rue se trouvant à côte du Zoo de Lubumbashi, devant les bureaux de la Gécamines et sur Kamanyola. Ce qui est dramatique c’est que ces jeunes adolescentes n’ont ni endroit où se laver, ni seaux d’eau, c’est pire puisqu’elles utilisent des tissus qu’elles ramassent sur la voie publique et dont l’origine et la provenance sont douteuses, à peine elle les nettoie sans savon et sans les repasser, elles les utilisent et réutilisent jusqu’à ce que les règles passent.

Christian Mbulu