Deux journalistes de la radio Shilo FM, une chaîne privée émettant à Lubao, cité située à plus de 200 km de la ville de Kabinda, chef lieu de la province de Lomami sont en détention depuis jeudi 5 janvier dernier au cachot de l’agence nationale des renseignements (ANR) Lubao.

Il s’agit de Joseph Ebondo et Sylvain Kiomba, respectivement journaliste et rédacteur en chef. Ces derniers sont accusés de ”diffamation” contre l’ANR après avoir diffusé une information de la société civile locale qui dénonçait l’existence d’un cachot clandestin à la résidence du chef de service ANR local.

Depuis le cachot, Joseph Ebondo explique que l’information sur les cachots clandestins émane du président de la société civile locale, Crispin Lumami Tshite. Après l’arrestation d’une dame au village Nakisaki, ce dernier a dénoncé l’existence d’un ”cachot à la résidence du chef de poste de l’ANR où elle a été detenue durant 48 heures”.

“C’est Crispin Lumami Tshite qui dénonçait l’usage par l’ANR des cachots clandestins, chose qui a été abolie par le nouveau régime de Félix Tshisekedi. Juste quand l’information est passée sur notre station-radio, mercredi 4 janvier, nous avons reçu l’interpellation du chef de l’ANR sous prétexte que nous avons diffamé le service de l’ANR, qui est le service attaché à la sécurité”.

Et d’ajouter : ”Nous sommes surpris d’être arrêtés… ce que nous qualifions d’une arrestation intentionnelle et arbitraire par l’ANR à Lubao”, a expliqué le journaliste Joseph Ebondo.

Joint au téléphone, le responsable de l’ANR confirme que c’est un ministre provincial qui est le plaignant.

“Moi ça ne sert à rien de me poser de telles questions alors que le plaignant du dossier c’est le ministre provincial qui est à Kabinda. Ça ne sert à rien de me poser ces genres de questions”, a sèchement répondu le chef de service de l’ANR locale.

Au regard de ce qui précède, l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), ONG de défense et de promotion de la liberté de la presse, condamne cette interpellation injustifiée des professionnels des médias. Il s’agit manifestement d’une atteinte grave au droit d’informer et d’être informé garanti par la loi congolaise et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme.

Par voie de conséquence, OLPA et UNPC/section provinciale de Lomami exige la libération immédiate et inconditionnelle de ces deux journalistes tout en exhortant les autorités provinciales de Lomami à favoriser l’exercice de la liberté de presse sur toute l’étendue de la province.

Mpandanjila Mukuna