« Permettez-moi d’être franc, trop de pays vont dans la mauvaise direction. La Covid-19 reste l’ennemi public numéro un, mais les actions de nombreux gouvernements et de nombreuses personnes ne reflètent pas cela », a déclaré le Directeur général de l’OMS, le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse virtuelle organisée depuis le siège de l’agence onusienne à Genève. Or selon le Directeur général, le seul but du virus est de trouver « des personnes à infecter ». « Les messages contradictoires des dirigeants sapent l’ingrédient le plus essentiel de toute réponse : la confiance », a regretté le Dr. Tedros.

« Si les gouvernements ne communiquent pas clairement avec leurs citoyens et ne déploient pas une stratégie globale visant à supprimer la transmission et à sauver des vies. Si l’essentiel n’est pas suivi, la seule façon dont cette pandémie va évoluer, c’est qu’elle va s’aggraver de plus en plus. Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi », a-t-il ajouté. Une façon de rappeler certains fondamentaux dans la lutte quotidienne contre le nouveau coronavirus, à savoir la distanciation physique, les mesures d’hygiène, le port du masque ou rester à la maison lorsqu’on est malade.

230.000 cas de Covid-19 en une seule journée

Et dans ce combat, « chaque dirigeant, chaque gouvernement et chaque personne peut faire sa part pour briser les chaînes de transmission de la Covid-19 » et mettre fin à cette « souffrance collective ». « Je ne dis pas que c’est facile ; ce n’est clairement pas le cas. Je sais que de nombreux dirigeants travaillent dans des circonstances difficiles », a affirmé le Dr. Tedros, évoquant au passage les autres « défis sanitaires, économiques, sociaux et culturels » à relever.

Cette mise en garde du chef de l’OMS intervient au lendemain d’un nouveau record de la maladie dans le monde. Dimanche 12 juillet, 230.000 nouveau cas de Covid-19 ont été signalés à l’agence onusienne. « Près de 80 % de ces cas ont été signalés dans 10 pays seulement, et 50 % dans deux pays seulement », a souligné le Directeur général.

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 565.000 morts dans le monde, selon le bilan établi lundi par l’OMS. Plus de 12.685.374 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. Les États-Unis, qui ont recensé leur premier décès lié au coronavirus début février, sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 134.392 décès pour 3.225.950 cas.

Après les États-Unis, les pays les plus touchés sont le Brésil avec 71.469 morts pour 1.839.850 cas, le Royaume-Uni avec 44.798 morts (288.953 cas), le Mexique avec 34.730 morts (295.268 cas), l’Italie avec 34.954 morts (242.827 cas) et la France 30.004 décès (170.752 cas). « Bien que le nombre de décès quotidiens reste relativement stable, il y a beaucoup de raisons de s’inquiéter », a insisté le Dr. Tedros.

Parvenir à une situation durable avec un contrôle adéquat du virus

Plus largement, l’OMS avertit que « le monde ne va pas revenir à l’ancienne normalité dans un avenir prévisible ». Mais il existe une feuille de route pour une situation où le monde pourrait « contrôler la maladie et reprendre les activités ». Et pour y arriver, il n’y a pas « de raccourcis pour sortir de la pandémie ». « Nous espérons tous qu’il y aura un vaccin efficace, mais nous devons nous concentrer sur l’utilisation des outils dont nous disposons maintenant pour supprimer la transmission et sauver des vies », a fait remarquer le Dr. Tedros.

Pour l’OMS, il faut parvenir à une situation durable où il y a un contrôle adéquat du virus sans pour autant nous fermer complètement de la vie. « Nous devons parvenir à une situation durable dans laquelle nous avons un contrôle adéquat de ce virus, sans pour autant mettre fin à nos vies, ni passer d’un confinement à l’autre, ce qui a un impact extrêmement préjudiciable sur les sociétés », a poursuivi le chef de l’agence onusienne.

Il s’agit donc de se concentrer sur la réduction de la mortalité et la suppression de la transmission du virus. L’OMS prône aussi une communauté responsabilisée et engagée qui prend des mesures de comportement individuel dans l’intérêt des uns et des autres. Il s’agit enfin d’avoir surtout « un leadership gouvernemental fort et une coordination des stratégies globales qui soient communiquées de manière claire et cohérente ».

Selon le Dr. Tedros, « cela peut être fait. Cela doit être fait ». « Je l’ai déjà dit et je continuerai à le dire », a-t-il insisté. Peu importe la courbe épidémique dans laquelle se trouve un pays, « il n’est jamais trop tard pour prendre des mesures décisives ».

Il n’est jamais trop tard pour maîtriser le virus, même s’il y a eu une transmission explosive – Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS

Si tous les pays sont aujourd’hui exposés au virus, mais tous n’ont pas été touchés de la même manière. A cet égard, l’OMS distingue ainsi environ « quatre situations » dans le monde.

L’agence onusienne souligne dans un premier temps la situation de pays qui ont été en alerte, qui se sont « préparés et ont réagi rapidement et efficacement aux premiers cas ». Par conséquent, ils ont jusqu’à présent « évité les grandes épidémies ». Dans ce lot, l’OMS inclut plusieurs pays de la région du Mékong, du Pacifique, des Caraïbes et d’Afrique. « Les dirigeants de ces pays ont pris le commandement de l’urgence et ont communiqué efficacement avec leurs populations sur les mesures à prendre », a détaillé le Dr Tedros, rappelant leur stratégie globale pour trouver, isoler, tester et soigner les cas, et pour tracer et mettre en quarantaine les contacts.

Deuxièmement, il y a la situation des pays où « une épidémie majeure a été maîtrisée grâce à une combinaison de leadership fort et des populations adhérant aux mesures barrières. « De nombreux pays en Europe et ailleurs ont démontré qu’il est possible de maîtriser de grandes épidémies », a ajouté le Dr. Tedros, soulignant aussi « un personnel de santé solide et l’adhésion de la communauté ».

L’OMS a toutefois constaté que des pays ont « surmonté le premier pic de l’épidémie, mais qui, après avoir assoupli les restrictions, sont maintenant aux prises avec de nouveaux pics et une accélération des cas ».

Il y a enfin la situation des pays qui se trouvent dans la phase de transmission intense de leur épidémie, notamment dans les Amériques, en Asie du Sud et dans certains pays d’Afrique. « L’épicentre reste dans les Amériques où plus de 50% des cas dans le monde ont été enregistrés. Mais nous savons, grâce aux deux premières situations, qu’il n’est jamais trop tard pour maîtriser le virus, même s’il y a eu une transmission explosive », a fait remarquer le Dr. Tedros.

Dans tous les cas, l’OMS s’est « engagée à travailler avec tous les pays et toutes les personnes pour supprimer la transmission, réduire la mortalité, aider les communautés à se protéger ». « Nous n’étions pas préparés collectivement, mais nous devons utiliser tous les outils dont nous disposons pour maîtriser cette pandémie. Et nous devons le faire dès maintenant », a conclu le Dr. Tedros

Source : ONU