Dans un long entretien exclusif accordé à Global Infos, Jesse John Numbi, cadre de l’ECT et Communicateur de la Majorité Présidentielle dans le Haut-Katanga, s’est étalé sur les questions de l’heure, notamment la récente déclaration du Président de la Commission Electorales Nationales Indépendante Corneille Nangaa sur l’impossibilité pour son institution d’organiser les élections à la fin 2017 comme prévu dans l’accord du 31 décembre 2016.

Jesse John Numbi confirme que la MP prend acte de cette déclaration, mais en appelle au réalisme des uns et des autres vu la situation que traverse le pays. Il s’est tout de même attaqué à la classe politique en générale (MP – Opposition) qui, selon lui, essaie de pérenniser la mentalité mobutienne.

Voici en intégralité notre échange avec Jesse John Numbi

Global Infos : Corneille Nangaa a déclaré qu’il était impossible pour la Ceni d’organiser les élections cette année 2017. Quelle est votre réaction ?

Jesse John Numbi : En tant qu’organe technique chargée d’organiser les élections, la Ceni est le seul organe attitré à donner une estimation de sa capacité à organiser les élections en termes des délais. Monsieur Nangaa a présenté les raisons de cette incapacité à organiser les élections cette année. Il s’agit notamment du retard des opérations d’enrôlement dans les Kasaï et même dans d’autres provinces comme Kinshasa. À la MP nous prenons acte mais il est important que l’on fasse une analyse minutieuse de la situation pour évaluer les propos du Président de la CENI.

G.I. : Réagissant à cette déclaration, plusieurs opposants ont estimé que c’est de la provocation faite à la population

JJN : Cela est une récupération politicienne, et plusieurs attendaient justement une telle opportunité pour attiser la crise entre la population et les institutions qui organisent les élections, notamment la CENI d’une part, et le gouvernement qui finance ces opérations d’autres parts. C’est une grosse hypocrisie de la classe politique car ces mêmes politiciens avaient reconnu, à un moment comme à un autre, qu’il était difficile d’organiser les élections cette année. Vital Kamerhe avait d’ailleurs estimé que les élections ne pouvaient avoir lieu avant Avril 2018. Dans l’émission Top Presse, Félix Tshisekedi avait aussi donné une brèche pour rediscuter le calendrier parce qu’estimant que les opérations avaient pris du retard. Donc Corneille Nangaa a dit ce que les gens savaient depuis des mois.

Je l’avais dit depuis longtemps que les politiciens devraient avoir le courage de dire la vérité à la population qu’il était impossible d’avoir les élections cette année. Sinon ce serait une stratégie pour déstabiliser le pays et se donner plus de poids dans la classe politique congolaise.

G.I. : La Ceni a-t-elle le droit de reporter par elle-même les élections en dehors de l’accord du 31 Décembre 2016 ?

JJN : Je ne pense pas que la Ceni ait le droit unilatéral de décider du report des élections. Mais dans la déclaration de Corneille Nangaa que j’ai suivie, il ne parle pas du report, mais il parle de l’impossibilité technique d’organiser ces élections dans le délai, en tenant compte de l’enrôlement dans les provinces du Kasaï. Il est donc utile que la classe politique discute et que le CNSA soit installé rapidement pour faire le suivi afin de définir l’ordre de cette éventuelle prolongation.

G.I. : Ne craignez-vous pas des scènes de violence au pays à l’approche de décembre 2017 ?

JJN : Il y a certes des politiciens véreux et même d’autres cachés et se révélant sous d’autres formes qui essaient d’envenimer la situation afin d’aboutir à un contexte d’ingérabilité vers fin 2017 avec la violence. Je pense que le peuple congolais est assez mature pour ne pas accepter de mettre son pays à sang et à sac et ne pas détruire ce que nous avons construit au prix du sang en vue de satisfaire les intérêts de deux ou trois personnes. Ces personnes qui ne veulent pas aller aux élections, veulent prendre le pouvoir par d’autres moyens afin d’organiser les élections plus tard et les gagner. Ils craignent que si Joseph Kabila organisait les élections il aura la mainmise sur cette organisation et ils ne pourraient peut-être pas les gagner car n’étant pas aussi populaires qu’ils le croient.

G.I. : Félix Tshisekedi a déclaré que s’il n y a pas élection en décembre 2017, qu’il y ait une petite transition sans Joseph Kabila, quelle réaction ?

JJN : Cela a toujours été le vœu de Félix de voir Joseph Kabila leur laisser le pouvoir par des voies non électorales, mais nous n’allons pas admettre cela. L’article 64 (de la constitution) nous interdit de prendre le pouvoir par d’autres moyens que les élections. Si Monsieur Tshisekedi voudrait prendre le pouvoir, il n’a qu’à se présenter aux élections et le peuple votera. Mais vouloir imaginer d’autres scénarios, je pense que le Congolaise ne va pas le laisser faire cette aventure qui ne laisserait pas ce pays sans fissure. Je ne souhaiterais pas cela pour mon pays, mais je pense qu’il est temps que les politiciens arrêtent de penser à leur intérêt égoïste pour penser au bien de la population. Que les politiciens de la Majorité et ceux de l’opposition mettent un peu d’eau dans leur vin pour que nous puissions imaginer un autre Congo où il fera beau vivre. La jeunesse congolaise est maintenant très regardante et ne laissera plus cette classe politique la mener en bateau. Il est temps de renouveler la classe politique, nous sommes fatiguer de voir les mêmes personnes continuer à prendre en otage notre pays. Le Chef de l’état devrait ouvrir la porte à une nouvelle classe politique qui devra l’aider. Car il y a certains politiciens qui ont encore la mentalité de la deuxième république et qui voudraient la pérenniser.

En rappel, Jesse John Numbi est cadre de l’Ect du Ministre Félix Kabange Numbi.

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