Après 3 ans d’études universitaires en médecine, quelques formations en sciences commerciales et en management, madame Alice Tshibwabwa est aujourd’hui enseignante en philosophie et théologie à l’université de Calvary et UNIPAC.

Elle est entrepreneure polyvalente. Elle évolue dans le commerce en général, dans l’industrie textile en particulier, et elle habille également.

Le desk femme de Globalinfos.net est allé à la rencontre de la fondatrice de Alice Design, un atelier de couture installé dans la ville de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, province située dans la partie Sud-Est de la RDC.

Je n’ai pas fait d’études de couture, ç’a été une très grande expérience pour moi…

Lorsque je me suis mariée, j’ai fait d’autres études universitaires. J’aimais bien m’habiller, mais j’avais toujours un problème avec les couturières parce que leur travail ne répondait pas vraiment à mes attentes. Un jour, mon époux voyageait et je lui ai demandé une machine à coudre. Il m’a prise pour une folle, mais m’a quand-même ramené deux machines. Je suis allée voir une dame pour apprendre quelques notions de couture et pouvoir m’habiller seule.

Après la première séance, elle m’a laissé un travail pratique à remettre deux jours après. Il fallait coudre une chemise à manches courtes. À sa grande surprise, j’en ai cousue trois, y compris une à manches longues. C’était ainsi après la deuxième séance, qui serait déjà la dernière. J’en faisais toujours plus. Elle a fini par se lasser de moi, pensant que j’étais déjà couturière et je ne voulais que lui faire perdre son temps. C’est ainsi que je me suis rendue compte que la couture était un acquis. Je n’ai pas fait d’études de couture, ç’a été une très grande expérience pour moi.

Dès le départ, la couture pour moi n’était pas un générateur de recettes…

Dès le départ, la couture pour moi n’était pas un générateur de recettes, c’était juste pour m’habiller et honorer mon mari, vu qu’il était quelqu’un de renom (bâtonnier). C’était un loisir, une vie secondaire. Chaque fois que je m’habillais, les gens étaient émerveillés ; pour ne pas m’encombrer, je disais que ça venait d’ailleurs, de la capitale.
Quand j’ai changé de milieu, j’ai compris qu’il fallait valoriser mon travail. C’était ridicule d’en bénéficier toute seule. J’ai alors donné de la valeur à la couture, grâce à la classe à laquelle j’appartenais, en ce que les couturières étaient appréhendée comme femmes de basse classe sur qui on peut tout se permettre. La couturière est un architecte, elle fait un travail ingénieux ; créer, couper, etc. Ce travail m’a autonomisé et même permis d’aller plus loin dans mes études. Mon mari m’a beaucoup encouragé et même aidé à monter Alice Design, mon entreprise personnelle.

Sur mon chemin, il y a eu également des expériences désagréables…

Dans Toute entreprise humaine, il y a toujours des expériences désagréables. Pour moi, c’est le départ des agents. Lorsqu’ils estiment qu’ils ont acquis assez de connaissances, il veulent voler de leurs propres ailes. Parfois ça fragilise le travail, mais je n’en ressens pas beaucoup le poids parce que je connais le travail. C’est toujours une difficulté pour ceux qui entreprennent dans la couture sans être du domaine. Ça cause un déséquilibre.

Je ne supporte pas non plus quand la clientèle se plaint, parce que mon désir est de justement répondre à ses besoins. En majeure partie, notre clientèle est composée de femmes et il faut comprendre leur nature complexe, différentes parfois de celles des hommes.

Une autre difficulté est la gestion des caractères, comportements. Je suis partisanne de la pudeur, et c’est parfois difficile de faire comprendre ce message aux clientes. C’est pourquoi j’offre aussi des conseils, en tant que habilleuse.

Les femmes n’ont pas le droit de se minimiser…

L’épanouissement de la femme, c’est elle-même d’abord. C’est un problème de prise de conscience et de savoir oser. La femme doit savoir que le mariage n’est pas une finalité, c’est un acquis. Il faut exploiter les potentialités en elle, utiles pour la société, pour la famille, etc. C’est pourquoi la jeune fille doit être encadrée dès le bas âge.
J’ai ouvert un centre de formation pour ces femmes qui ne savent comment s’y prendre. On leur donne des pistes pour retrouver leur chemin. Elles peuvent ensuite entreprendre pour être utiles à la société. Les femmes n’ont pas le droit de se minimiser.

Pour Alice Tshibwabwa, la femme doit sortir de sa peau et comprendre que c’est l’être semblable à l’homme, disposant des mêmes capacités. Elle cumule à la fois le travail, un atelier de couture où elle forme des expatriés, hommes comme femmes. Elle est aussi enseignante, et en même temps étudiante en théologie et philosophie. Elle est épouse et mère de 4 enfants qu’elle considère comme amis. Son passe-temps préféré, c’est la recherche et le repos.

Eunice Musau