Les femmes ont chacune un lieu de refuge quand ça « barde » dans son foyer, quand ça colle pas avec une amie ou encore quand elle s’est retrouvée seule face à ses collègues de service. Pour plusieurs d’entre elles, le cadre le mieux approprié est le salon de coiffure.

Mme Hope, une cliente du salon Chez Bibiche explique l’intérêt d’aller au salon de coiffure :
« Il y a toujours quelque chose à faire au salon de coiffure. Peut-être des cheveux à peigner, des ongles à arranger, etc. Au salon, on y va aussi pour discuter et échanger. », affirme-t-elle.

Évidemment c’est là que se racontent « presque » tout, elles sont les unes pour les autres, sœurs, amies, marraines, psychologues, etc. « Quand j’ai des problèmes à la maison, je viens au salon pour être réconfortée. Ici, je me relaxe, et on rencontre toujours des gens qui ont vécu une situation que nous traversons actuellement, et ces personnes peuvent nous orienter. », poursuit Mme Hope.

Cependant, leurs propres aveux les rendent quelquefois victimes de commérages.
« Ça dépend du salon où tu vas, je déconseille les salons où on te critique après ton départ. Je l’ai déjà vécu quelque part et heureusement, il n’y a pas ça ici. Il faut aller au salon où tu trouves des solutions qui t’aident. » ajoute-t-elle.

A l’idée de ramener le salon de coiffure à la maison, cette cliente s’y oppose catégoriquement.
« On peut ramener le salon de coiffure à domicile, mais ça ne sera pas pareil. Au salon je suis à l’aise, je me sens dans le monde des femmes. À la maison par contre, je me gène et je ne peux pas tout dire à cause des enfants qui m’embrouillent tout le temps ; pas moyen de parler. Le salon est pour moi une autre forme de famille. On apprend, on écoute des conseils pour aller de l’avant. » affirme-t-elle.

Les psychologues ont aussi une interprétation de ce fait.
« Sur le plan psychologique, ces lieux favorisent la socialisation pour la plupart des femmes. Elles fréquentent ce genre de lieux pour acquérir certains savoir-être et savoir-faire afin de répondre aux différentes questions de la vie. Par exemple, la parure, la vie conjugale, etc. », déclare Didier Rusegeya, psychologue.
Attention, les femmes deviennent facilement addictives à cette nouvelle vie qu’elles se créent. Il y a, bien heureusement, la possibilité d’y remédier.
« Pour celles qui ont des problèmes particuliers, oui elles deviennent addictives. Il faut les rencontrer en s’entretenant individuellement afin d’identifier les attentes de chacune. C’est à l’issue de cela qu’on peut envisager un certain nombre d’actions en termes de remède », ajoute-t-il.

Retenons quand-même que le salon de coiffure est un lieu pas comme les autres. On est toujours surpris chaque fois qu’on s’y rend.

Eunice Musau