Chantal KANYIMBO née à Lubumbashi, troisième d’une famille de trois filles et de sept garçons. Licenciée en Sciences et Techniques de l’information, option Journalisme, Politique extérieure et critique littéraire. Chantal est en outre de la onzième promotion de l’ISTI, Institut des Sciences et de l’Information, actuellement IFASIC. Détentrice de son diplôme de licence depuis 1991.

Cette semaine, le desk femme de Globalinfos.net est allé à la rencontre de cette femme qui rêvait devenir journaliste et qui s’estime actuellement fière d’avoir réussi sa carrière professionnelle en étant un modèle pour plusieurs.

Chantal KANYIMBO, femme aux multiples casquettes

Je fus journaliste sportive, en suite, j’ai évolué au sein de la rédaction politique à la Radiotélévision Nationale Congolaise (RTNC), et actuellement, je suis en détachement au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) pour mon second mandat, comme membre de l’assemblée plénière de cette institution d’appui à la démocratie.

J’ai gravi tous les échelons (rire). Je suis donc directeur à la RTNC. J’ai été en 2004, la première femme à intégrer le Comité directeur de l’Union Nationale de la Presse du Congo, à l’issue du congrès de la refondation de la presse congolaise et après élections, j’ai été élue première vice-présidente. Quelque temps après, j’ai pris la tête du Comité, comme présidente de l’UNPC. Au cours de mon parcours, j’ai été présidente du comité d’organisation du premier symposium des organisations de la société civile pour la refondation de la société civile congolaise, avec la signature d’une charte des organisations de la société civile. Par ailleurs, Ruth Je suis également membre de quelques associations culturelles et de bienfaisance(rire).

Son parcours

J’ai été recrutée à la télévision OZRT à la suite d’un concours de recrutement des téléspeakrines alors que j’étais en deuxième année de graduat. J’ai donc débuté comme téléspeakerine, puis journaliste sportive. Il y a lieu de préciser ici que le journalisme politique m’a passionnée pendant plusieurs années, jusqu’à mon détachement au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication.

Les journalistes sont-ils traités à leurs justes valeurs ?

Non, il est vrai qu’on entre dans le journalisme, comme on entre dans les ordres, sans intention d’y faire fortune, à moins de se lancer dans l’entrepreneuriat. Ruth, il faut savoir que l’écosystème dans lequel évolue actuellement les médias, ne favorise pas le développement d’une industrie des médias dans notre pays (RDC). En réalité, ceux qui ont décidé d’entreprendre dans le secteur privé des médias l’ont fait pour des raisons évidentes leur propagande politique, puisque la majorité d’opérateurs dans le secteur de l’Audiovisuel congolais, sont des politiciens. Ils exploitent les journalistes, qui travaillent sans contrat de travail et se contentent de vivre d’expédients (regret). D’où l’observation de cette espèce de mercenariat qui a envahi la pratique du journalisme.

Espérons qu’avec la nouvelle loi sur la liberté de la presse, on pourrait travailler à l’émergence d’un écosystème économique favorable au développement de l’industrie médiatique (sourire). Qui dit industrie, dit prospérité. Qui dit prospérité, dit amélioration du traitement des conditions sociales des journalistes et de tous les professionnels des médias. Cela dépend aussi bien évidemment d’un contexte économique général du pays favorable qui incite à la prospérité de tous dans les affaires.

Un modèle dans le métier du journalisme?

Oh, on a toujours un modèle qui inspire et qui vous pousse à vouloir exercer le même métier (rire) ! Oui, j’ai eu des modèles comme Kudura KASONGO et Jean-Claude KAKOU de la télévision congolaise de Brazzaville.

Ce qu’elle aimerait changé dans ce métier

En intégrant le Comité Directeur de l’UNPC, l’objectif était de contribuer à la refondation de la presse congolaise. J’ai réalisé le premier annuaire des journalistes de la RDC. Un instrument important pour lutter contre les moutons noirs. J’ai visé le même objectif lorsque j’ai intégré le CSAC, qui a pour mission de travailler à l’amélioration des contenus médiatiques. Mais, vous savez, pour espérer un changement, il faut prendre en compte d’autres paramètres de la société congolaise qui a perdu beaucoup des valeurs. Je pense que cette société a besoin d’être entièrement refondée. C’est vrai que les journalistes sont des idéalistes, qui en principe travaillent pour la réalisation des valeurs universelles qui conduisent toute société humaine vers le développement, mais ils ne doivent pas être les seuls à y travailler. Les penseurs, les philosophes qui apportent la lumière. Les penseurs, les philosophes guident leurs congénères sur les voies mobilisatrices qui conduisent à la construction d’un développement. Les journalistes ne sont que des médiateurs qui disséminent ces idées.

Ce qu’elle répond à ceux qui remettent en question l’image des femmes journalistes

Ce sont des préjugés qui poussent à plafonner les femmes et à les culpabiliser en vue d’empêcher leur développement personnel. Les femmes ont leurs pierres à apporter à l’édification de toute société (regret). C’est vrai que les textes légaux et réglementaires consacrent l’égalité des chances à l’homme et à la femme, mais le poids culturel est une barrière qui n’est pas infranchissable. Il faut travailler à casser le plafond de verre qui limite les femmes.

Quid du phénomène mouton noir dans les médias ?

Le métier de journaliste est ouvert à tous les profils, à toutes les expertises, puisque le journalisme est éclectique. Le journaliste parle de tout. Mais la loi a fixé les conditions d’accès au métier, malheureusement ces dispositions réglementaires ne sont toujours pas observées pour procéder au recrutement, notamment le concours. Ruth, je pense être de la dernière génération à avoir été recrutée par un concours à la télévision publique qui respectait cette disposition légale. Le développement du secteur privé des médias a largement contribué à ce relâchement, qui a causé beaucoup des dégâts et a favorisé l’invasion de ceux que nous appelons “Moutons noirs”. (Regret)

Des ambitions politiques ?

Pas pour le moment. Le fonctionnement actuel de nos partis politiques, dominés par les autorités morales, ne contribue pas à un exercice démocratique de la politique, et cela m’horripile au plus haut point. La politique, c’est l’engagement que prend tout celui qui s’y lance à travailler pour l’intérêt général. La politique, c’est se mettre au service de sa communauté pour améliorer son vécu quotidien. S’occuper des vrais problèmes liés à l’éducation, à la santé, à l’habitat, à l’accès à l’eau potable et à l’électricité, à l’emploi. Le débat politique, chez nous, est plutôt trop focalisé sur des individus. C’est pourquoi, il y a cette inconstance qui caractérise la classe politique, qui migre au gré des hommes qui distribuent le pouvoir.

On ne s’engage pas en politique pour soi-même. Ce n’est pour des privilèges personnels ou des avantages qui font que ceux qui exercent une parcelle de pouvoir, se croient au-dessus de ceux qu’ils sont censés servir.

On voit ça tous les jours. Ruth, nous voyons comment les cortèges bousculent les citoyens sur nos routes alors que tous se rendent au travail.

Lorsqu’on s’engage en politique, on ne peut pas être indifférent à toute la saleté qui nous entoure dans notre environnement quotidien, parce que les services publics ne s’occupent pas de la salubrité. Toutes ces bouteilles en plastique qui s’accumulent au fil des jours et ne sont pas nettoyées dans nos villes et menacent les équilibres environnementaux. Ce ne sont que quelques exemples qui me poussent à ne pas décider de franchir le rubico

Donc, je pense que les partis politiques ne contribuent pas à la formation civique et citoyenne dans notre pays. Ainsi, pour le moment, cette vacuité du débat politique ne m’attire pas.

Chantal adresse ces mots aux professionnels des médias

Le métier d’informer est un métier qui apporte la lumière dans la société et pour la faire évoluer vers les cimes de développement humain. Nous devons nous ressaisir pour jouer le rôle que la société attend de nous (journalistes).

Honnêteté, rigueur sans rigidité sclérosante, sont parmi les termes qui résument les principes de Chantal KANYIMBO. Elle estime que si tout était à refaire, elle resterait journaliste. Elle voit comme une fierté légitime d’avoir réussi sa carrière professionnelle et d’être une source d’inspiration pour plusieurs. Elle rassure qu’au sein de son parcours, elle a connu des mauvais épisodes, mais qui sont pour la plupart des expériences enrichissantes.

 

Ruth KUTEMBA