FATAKI MASIYANDWO Lisette, graphiste publicitaire à la Brasimba Lubumbashi, Co-fondatrice des sociétés la Maman groupe, chargée de programme à l’ONG assistance juridique aux femmes victimes de viols (AJFV), promotrice avec son époux d’une école maternelle et primaire à Lubumbashi. Elle a réalisé son parcours primaire et secondaire à l’école Maadini et a obtenu son diplôme supérieur, à l’école d’informatique salama option Design et multimédia.

Cette semaine, le desk femme de globalinfos.net est allé à la rencontre de
cette femme qui se bat pour la réparation des femmes victimes de viols.

Début du parcours professionnel

J’ai commencé à travailler à la Brasimba la dernière année de mon parcours académique. L’entreprise avait besoin d’un graphiste, j’avais postulé et j’avais raté l’entretien d’embauche, car mon téléphone était en panne et le deuxième numéro sur mon Curriculum vitæ (CV) était celui de mon père qui malheureusement ne voulait me voir travailler dans une brassicole à l’époque et ne m’avait rien dit. Deux semaines après, je devais être rappelée et vu que je n’avais aucune suite, je suis allée à la Brasimba, où il m’avait été dit que personne n’était retenue. J’avais pris le courage de prendre rendez-vous avec le DG adjoint de l’époque, monsieur COCITO, qui après m’être reçu, je lui dis, si vous n’avez retenu personne, pourquoi ne pas me tester ? Il me dit, vous devez être soumise au test psychotechnique et je lui dis, orienter le test selon mon domaine d’expertise, mais je suis encore étudiante et j’ai besoin de ce travail… Il rit, surpris de mon courage, il m’a engagée et au bout d’un mois, j’ai signé mon contrat à durée indéterminée.

Une genèse de la créativité dans cette brassicole

Je travaille à la Brasimba depuis 16 ans, je figure parmi les personnes qui ont battu l’image marketing de l’entreprise, ses couleurs jaune et rouge, sa charte graphique, les tsichort, les chaises, les voitures, je suis donc parmi les pionniers qui ont contribué à cette image, je suis la genèse de la créativité à la brasimba (rire).

 

La politique est le dernier de ses rêves.

Je suis de ceux qui tiennent à la liberté d’expression et d’opinion, quand j’ai une opinion, je la crie haut et fort, alors être en politique, sous-entend avoir une tendance . Je me dis toujours que le développement personnel est dans l’acceptation de tout ce qui est bon, et en politique, on est soit démocrate, soit républicain, pas de milieu, hors pour moi, l’opinion ne peut être soit blanche ou noire, elle est multicolore et donc pour moi la politique, c’est impossible (rire).

L’éducation, parmi les piliers de ses projets

Je compte investir dans l’éducation, car un peuple sans instruction ne peut être développé. Je vais plus marteler sur l’éducation de la femme, aujourd’hui quand vous leur posez la question sur leurs rêves, c’est toujours le mariage (rire) moi, je suis mariée et je vous assure, si vous n’avez pas des bagages, vous ne saurez instruire vos enfants… Même dans la société traditionnelle, il y avait ce qu’on appelait l’initiation et c’était l’instruction, mais malheureusement, nous sommes à une époque où nous avons rejeté notre culture.
Par ailleurs, je compte investir dans l’agro-alimentaire, vous savez, un ventre affamé n’a point d’oreilles. Aujourd’hui, nous importons tout, or, que nous avons une faune et flore exceptionnelle, nous sommes parmi le plus grand réservoir d’eau au monde, capitalisons nos ressources.

Lisette FATAKI puise ses forces dans ses échecs

Mes échecs me permettent de trouver de meilleures méthodes de travail pour augmenter mes chances de réussite et être ainsi utile à la communauté. Apprenons de nos échecs pour affronter l’avenir. Voici une anecdote. Je lance l’école maternelle à Hewabora”Nouvel Avenir” pour attirer les parents, j’y ai mis des choses que certaines écoles manquent avec un personnel adéquat. Je pensais que cela serait une réussite, mais la première année, j’ai eu 18 enfants et trois abandons, or, que j’avais des charges (trois éducatrices, un jardinier, une femme de ménage) est – ce que je devais renvoyer le personnel ? Non, j’étais obligée de supporter de ma poche au-delà des prévisions. J’ai alors changé des méthodes, je fesais du porte-à-porte, j’ai commencé à organiser des anniversaires pour les enfants, et je me rappelle avoir dit aux éducatrices, les 15 dernières minutes, on lit des histoires aux enfants, j’avais payé même des livres pas seulement éducatifs, mais aussi récréatifs et la deuxième année, j’ai eu quarante enfants. Nous avons également organisé des visites dans des endroits formidables. Aujourd’hui, mon école a quatre 4 ans avec un effectif de 80 enfants.
En outre, j’aimerais mettre sur pied, une école de métier parce que tout le monde ne s’adapte pas de la même manière, certains sont bons en menuiserie à qui il ne faut pas imposer cinq ans ou six ans, mais pourquoi ne pas commencer quand ils ont 10 ans.

Un mot à la femme

Que les femmes arrêtent de vouloir la facilité, je reçois plusieurs stagiaires, et j’ai compris que les femmes ont tendance à aimer la facilité, quand on leur demande de travailler, elles disent souvent, (je suis malade, fatiguée, j’ai mes menstrues…) elles cherchent toujours les excuses pour ne pas travailler.
Vous savez, avec notre société que je trouve “patriarcale” quand vous visiter le musée de Lubumbashi, vous allez voir que l’escabeau des chefs coutumiers est généralement taillé sur la tête des femmes qui sont à genoux. ça m’avait intrigué, une fois, j’ai posé la question au conservateur, il m’a dit ces sont les femmes qui tiennent la société, c’est pourquoi le pouvoir du chef coutumier se repose sur les femmes.
C’est pourquoi je demande à me paires d’arrêter d’être paresseuses. Travaillons avec assiduité et persévérance, un jour, nous mangerons les fruits de notre travail.

Lisette FATAKI aimerait faire valoir le droit à la réparation et à la dignité des femmes victimes de viols. En tant que responsable communication de l’ONG “Assistante juridique des femmes victimes de viols”, elle prône la réparation, car les femmes violées, sont bafouées, stigmatisées. Elle veut que justice soit faite pour toutes ces femmes.

Ruth KUTEMBA