Salima MULOBA Colette Journaliste, coordinatrice régionale médias au sein de l’ONG internationale LABENEVOLENCIJA GRANDS LACS et coordinatrice d’une organisation dénommée CONGO HOPE INITIATIVE dont elle est fondatrice. Colette est également membre de la Dynamique 50 % des femmes composée des dames du Sud-Kivu et qui a pour objectif de défendre et de promouvoir la représentation égalitaire et l’équilibre des rapports dans les institutions politiques à tous les niveaux. La prise en compte du genre dans tous les secteurs

Cette semaine, le desk femme de Globalinfos.net est allé à la découverte de cette femme aux multiples casquettes.

Racontez-nous vos premiers pas en journalisme 

A l’institut supérieur de développement rural, ISDR Bukavu, je combinais les études et le journalisme. J’ai commencé par participer à des tranches d’animations dans une radio locale, ce qui m’a donné le goût de faire ce travail.

Cette passion est née en moi, motivée par l’envie d’écouter les autres, leur venir en aide pour trouver des solutions. Je dois avouer également que je suivais la télé quand j’étais toute petite et j’étais inspirée par une grande dame Mme Chantal Kanyimbu qui travail pour la RTNC Kinshasa et et j’ai été marquée par son sens de professionnalisme à Chaque fois que je la suivais à la télévision, je me disais que je pouvais devenir comme cette grande dame.

Le journalisme m’a ouvert beaucoup d’opportunités et horizon et m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui. Dans mes débuts, j’ai commencé à la RTGL, la Radiotélévision Grands Lacs où j’ai eu le privilège d’être première à prester à cette nouvelle télévision.

Quelques mois après, je suis allée à la radio star , la radio star est, une radio des prédilections , une radio des jeunes très suivi et c’est là que le public a commencé à découvrir qui j’étais exactement, j’animais les antennes , je produisais des émissions sur les thématique liés à la santé, la musique, mais aussi, j’ai eu des très bons moments dans la présentation des Journaux et quelques mois après, j’ai signé mon premier contrat dans une radio communautaire très connue ” la radio ‘’Maendeleo’’ Avoir une place au sein de cette radio à l’époque n’était pas réservé à n’importe qui . J’étais fière d’intégrer dans cette grande famille. Une famille des professionnelles.

Du journalisme au Communicateur du prix Nobel de la Paix 

Après mon passage à la radio “Maendeleo ” je suis allée à l’hôpital de Panzi dont le responsable est le professeur, docteur Denis MUKWEGE, prix Nobel 2018. J’ai eu à travailler à ses côtés comme chargée de communication de ce grand hôpital qu’il dirige.

Six ans après, les femmes journalistes ont opté pour l’ouverture de leur propre radio. Nous avons mis donc nos efforts ensemble pour ouvrir notre propre Radio, dont la ligne éditoriale repose sur 3 principes à savoir l’inclusivité, la participation et la sensibilité au genre. La radio est dénommée “Mama Radio”. En ce moment-là. J’ai quitté l’hôpital de Panzi pour aller contribuer à la mise en place de cette radio, notamment en y travaillant comme journaliste mais aussi en donnant mon apport dans la formation des journalistes, le recrutement et j’ai occupé le poste de rédactrice en chef et chargée des programmes Radio pendant plusieurs années.

En 2019, je quitte Mama radio/ AFEM pour LABENEVOLENCIJA GRANDS LACS, une organisation Internationale où je travaille comme coordonnatrice régionale médias pour son programme M4D ou Media for dialogue.M4D est un projet qui a pour objectif de contribuer à l’amélioration et la stabilisation de la région de grands lacs afin de promouvoir la cohésion et la cohabitation pacifique et contribuer à la création d’un climat de confiance au sein de communautés transfrontalières et migrantes.

L’organisation est basée dans trois pays dans la sous-région. EN RDC nous sommes en Ituri, au Nord Kivu et au Sud-Kivu, au Rwanda et au Burundi.

Poussée par l’envie de venir en aide aux enfants vulnérables dans la société, elle crée une ONG avec des faibles moyens.

Touché par la souffrance qui frappe les enfants et les femmes à l’Est de la RDC, aggravé par le contexte actuel des guerres, des conflits etc., je me suis accroché à cette problématique afin d’apporter une assistance aux enfants et aux femmes vulnérables, j’ai mis sur pied en 2016, une ONGD dénommée » Congo Hope Initiative », organisation de défense des droits des enfants et femmes vulnérables basée à Bukavu et dont la cible est les enfants qui sont en situation de rupture familiale , les enfants nés du viol, les orphelins, les enfants sortis des groupes armés. Nous avons une autre catégorie d’enfants nés des Onusiens et qui ont été abandonnés par leurs pères, ces enfants sont nombreux sur l’axe Kavumu -Kalehe. Sur cet axe se trouvait avant une grande base des militaires onusiens.

C’est ce qu’on appelle avoir le cœur d’une mère

Nous travaillons aussi avec des femmes vulnérables, etc. Concrètement, nous sensibilisons ces enfants à connaître leurs droits, regagner le chemin de l’école et tout ça, avec notre faible budget. Pour leur réintégration dans la société. Nous avons aussi un programme dénommé ‘’sourire’’, c’est un programme qui vient aide au plus vulnérables afin de leur redonner sourire. Nous le faisons à travers l’apprentissage des métiers tel que la coupe et couture, et le tressage. Aujourd’hui nous sommes à notre 4 ème session. La fin de la formation est sanctionnée par la remise des brevets.

Nous les encourageons à travailler ensemble après la formation. Et nous faisons un suivi du travail qu’ils font après leur passage à Congo Hope initiative.

Les femmes vulnérables ; elles bénéficient d’un projet d’autonomisation grâce à l’agriculture .

Quels sont vos projets ?

Avoir des gros moyens, Pour mettre en place un centre d’encadrement et de formation des enfants. Il y en a beaucoup par ici à cause de la guerre, des conflits, des déplacements des populations fuyant la guerre, d’autres qui sont traités des sorciers. Le grand souci pour nous, est que ces enfants aient une famille et il faut des moyens pour y arriver. Un centre avec des assistances sociales, des psychologues etc. pour la prise en charge holistique de ces derniers. C’est-à-dire avoir un toit, leur donner l’amour possible. Nous avons besoin donc d’avoir un centre de prise en charge des enfants vulnérables. J’ai un jour rencontré un enfant en situation de rupture familiale et qui refusait de rentrer chez lui. Après l’avoir écouté, j’ai eu des larmes aux yeux. Mère décédée pendant qu’il avait 4 ans. Le papa se remarie et l’envoi chez sa tante paternelle qui le traite de tous les maux. Il est battu à chaque occasion qui sa présente. Lorsqu’il retire se chemise, je vois des cicatrices, ces traces des brûlures puis il me dit maman amène moi chez toi. (Regret) Ou vais-je l’amener ? ce centre serait très capital car ça serait un cadre ou ils peuvent se sentir à l’aise.

Au sein de votre parcours, quels sont les défis relevés ?

Plusieurs défis, déjà le fait d’être journaliste, reporter, présentatrice des journaux jusqu’à devenir responsable au sein d’un média où j’ai assumé le rôle de chargé de programme radio et rédactrice en chef, j’en suis fière. Au niveau de la société, on pense que les femmes journalistes ne peuvent pas faire ce que font les hommes journalistes et qu’elles doivent seulement lire les communiqués, présenter les journaux etc. Et ne peuvent occuper des postes de responsabilités, mais ensemble avec la direction de AFEM (association des femmes des médias) nous avons aidés les femmes à croire en elle, à accomplir les tâches que les hommes trouvent difficiles bien que nous avons pour ligne éditoriale, l’égalité du genre.

Un autre défi, c’est combiner le boulot et le ménage, j’ai trois enfants et avec mon travail, il m’arrivait de quitter la maison à 05 h 30 pour y retourner par moment vers 22 heures. Souvent je suis absente de la maison même pendant de semaines et Je sais organiser mon temps pour que mes enfants, mon mari ne manquent de rien. Même quand je ne suis pas à la maison, je m’organise pour que mon absence ne soit pas trop ressentie et j’organise bien mon temps pour être efficace partout, car j’ai horreur de l’échec.

Je travaille souvent tard la nuit, très tôt, suis devant la machine. Et quand je suis à la maison le week-end c’est pour mon mari et mes enfants sauf en cas d’urgence. Un autre défi, lorsque nous organisons des activités pour échanger sur le travail, mettre en place des stratégies il arrive parfois qu’À 18 heures on a pas fini, et je vous assure que nombreuses femmes deviennent mal à l’aise, les hommes appellent sans cesse pour demander à leurs épouses de rentrer alors que vous êtes encore en réunion et du coup cela vous déstabilise … La lutte des femmes n’a pas encore porté ses fruits. En tout cas il y a plusieurs autres défis qui restent à relever.

Avez-vous des regrets ?

Ruth (sourire) Je laisse toujours le regret derrière moi, c’est vrai, j’ai été découragé à un moment donné. J’ai mis l’organisation sur pied avec des difficultés financières, à un moment donné, j’ai été découragée, mais je prends à bras le corps mon problème et je fonce en restant optimiste. Je n’ai aucun regret, même pour mon métier. Le journalisme ne paie pas, c’est connu, à un moment donné, j’ai été découragé, je me demandais pourquoi je n’arrive pas à gagner beaucoup d’argent grâce à mon métier avec tout ce que je fais comme effort et j’ai commencé à avoir de regrets d’avoir choisi ce métier, mais quand je sors dans la rue, je regarde ce que nous apportons comme changement dans la société, quand je vois l’impact du travail que nous faisons nous journaliste , j’essuie mes larmes et je laisse le regret derrière moi.

Les femmes appelées à ne pas baisser les bras

Vous devez savoir que Colette Salima est membre de la dynamique 50% des femmes. L’une des missions premières est lutter pour le respect de la constitution en son article 14 afin que des nombreuses femmes accèdent aux instances décisionnelles, qu’elles soient dans la politique. Bref, quelles ne cèdent pas aux découragements venant des hommes car elles sont capables d’apporter un changement à tous les niveaux.

Colette Salima MULOBA est née dans la ville de Bukavu où elle vit actuellement dans la province du Sud-Kivu située dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Elle est mariée et mère de trois enfants. Elle a vécu une grande partie de son enfance à Kolwezi dans la province du Lualaba. Juste après, elle a regagné sa ville natale où elle a décrochée son diplôme d’État au lycée Wima et a effectué son cursus universitaire à l’ (ISDR) Institut Supérieur de Développement Rural en option ” Organisation Sociale.

 

Ruth KUTEMBA