Depuis l’annonce du refus de la majorité des sénateurs de lever les immunités de l’un de leurs, Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, plusieurs personnalités publiques ont manifesté leur mécontentement. Parmi, Patrick Kafwimbi, Vice Président de la jeunesse de l’Union Pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) et coordonnateur de la Nouvelle Génération Tshisekediste dans le Haut-Katanga.

« C’est avec regret que nous avons reçu la nouvelle du refus de la majorité des sénateurs de lever les immunités du sénateur Augustin Matata Ponyo. Pour nous, c’est un recul en ce qui concerne l’implantation de l’État de droit en République Démocratique du Congo. Ces sénateurs sont en train de nous ramener en arrière parce qu’ils ont décidé de mettre un frein à l’évolution d’une procédure judiciaire. Il y a, pour notre part, un regret énorme par rapport à cette attitude des sénateurs. » a-t-il déclaré ce vendredi 18 juin 2021 au micro de Globalinfos.net.

Soutenant l’idée de l’ancien ministre de la justice et ancien collaborateur de Joseph Kabila, Patrick Kafwimbi évoque également une trahison du peuple congolais.

« Mr. Luzolo a tout à fait raison en parlant de trahison du peuple parce que les sénateurs sont l’émanation du peuple, ils sont les élus du peuple, ils sont en train de représenter la population. La population a besoin de la justice et de connaître la vérité. Lever les immunités n’est pas synonyme d’une quelconque condamnation. Par contre, c’est pour permettre à la justice d’inviter le sénateur pour qu’il réponde aux questions auxquelles il peut donner des justificatifs».

Et de poursuivre :

S’il est reconnu non coupable, il ne sera pas arrêté, mais si il est reconnu coupable, Mr Matata sera arrêté. Donc, le fait d’interdire à la justice de faire son travail est exactement une trahison au peuple congolais. Et moi je suis sûre que toutes les voies de droit doivent être épuisées. On devra demander, si ce n’est pas encore fait, à la cours constitutionnelle une interprétation de l’article 107 de la constitution qui pourra nous éclairer par rapport aux immunités parlementaires qui n’ont pas été bien comprises par le sénat, parce que les actes commis par le sénateur Augustin Matata Ponyo ont été commis avant qu’il ne soit sénateur. À cette époque, il était premier ministre, ministre des finances. C’est à cette époque là que ces actes ont été commis et ces immunités ne couvrent que les actes posés par un sénateur en exercice de ses fonctions, ce qui n’est pas le cas“.

Pour cet acteur du parti présidentiel à Lubumbashi, il y a une interprétation biaisée des sénateurs.

Je pense qu’il y a eu une interprétation biaisée de la part du sénat et la cours constitutionnelle pourra nous éclairer quant à ce et si elle constate que l’interprétation n’était pas bonne, le procureur général de la République pourra demander au demander au conseil d’État d’annuler la décision du sénat pour permettre à la justice de poursuivre leur travail “.

Et d’ajouter :

« Le pouvoir législatif est indépendant du pouvoir judiciaire et vice-versa, mais l’un des pouvoirs ne peut pas empiéter sur l’exécution des fonctions d’un autre pouvoir comme nous le constatons. Le pouvoir législatif est en train d’empiéter sur le domaine du pouvoir judiciaire qui cherche à faire son travail. On ne peut pas interdire aux magistrats de faire leur travail. Le socle de toute une nation repose sur la justice et sur l’État de droit. C’est ça que les sénateurs sont en train de violer. Effectivement, ils cherchent à faire un bras de fer avec le pouvoir judiciaire, chose qui ne se fait pas. Je pense que les conséquences seront néfastes pour les sénateurs, puisque en voulant faire un bras de fer avec le pouvoir judiciaire, vous allez pousser les gens à interpréter clairement l’article 107 , ils vont se faire arrêter pour un rien. Nous avons constaté que le fait d’avoir des immunités ne vous protège pas des détournements des deniers publics ou d’une quelconque infraction », avant de conclure : « S’il n’a pas reconnu coupable, il ne sera pas condamné, mais s’il est reconnu coupable, il doit payer parce que ces millions, c’est l’argent du contribuable, c’est l’argent du peuple congolais. ». A-t-il conclu
Augustin Matata Ponyo est accusé par l’inspection générale des finances (IGF) d’avoir détourné 205 millions de dollars de la caisse publique, acte posé avant l’obtention de son nouveau titre de sénateur. La majorité des sénateurs n’ayant pas autorisé la levée d’immunités de l’ancien premier ministre et ministre des finances, l’affaire reste en suspens, tout en gardant la possibilité d’évoquer l’article 107 de la constitution qui consacre les immunités parlementaires.

Le sénat avait refusé d’autoriser à la justice d’entendre Augustin Matata, alors Premier ministre honoraire de la RDC et ce, dans le cadre des enquêtes qui concernent le dossier du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo.

Eunice Musau