La cité de Bunagana, située à la frontière entre la RDC et l’Ouganda (territoire de Rutshuru) au Nord-Kivu est passée sous le contrôle de la rébellion du M23 depuis le 14 juin 2022. Ce qui avait déclenché l’offensive quelques mois avant à partir des collines stratégiques de Chanzu, Runyoni et Mbuzi. La rébellion s’est installée dans la cité, mettant en place une nouvelle administration. Une année après l’occupation, les Congolais n’ont pas oublié cette partie du territoire national.

De nombreuses organisations de la société civile appellent à une mobilisation et à de nouvelles opérations militaires pour reconquérir toutes les zones y compris Bunagana contrôlées par le M23.

« Il n’y a pas deux choses à faire, la seule chose à faire c’est de récupérer toutes les entités sous contrôle de ces terroristes du M23/RDF, et pour y arriver le gouvernement doit bien équiper les FARDC, donner le coup d’envoi de la traque de ces terroristes », explique Jean-Claude Mbabaze, président de la société civile du territoire de Rutshuru.

Cette prise de Bunagana avait provoqué un tollé dans l’opinion congolaise qui s’interrogeait sur la force derrière cette rébellion, pourtant défaite il y a plus de 10 ans par l’armée congolaise avec l’appui de la Brigade d’intervention de la Monusco.

Des soupçons se sont accrus notamment sur un possible rôle qu’aurait joué l’Ouganda au côté du M23 pour occuper Bunagana.

« Une enquête indépendante devra être menée pour comprendre le rôle de l’Ouganda dans la prise de Bunagana », a estimé Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile congolaise. Pour cet acteur, Kinshasa doit opter pour « l’option militaire afin de déloger ces terroristes » et « rompre la coopération militaire avec l’Ouganda qui joue à l’hypocrisie en réalité artisan de la déstabilisation et pillage des ressources de la RDC ».

La progression du M23 a été rapide sur le terrain avec la conquête de plusieurs entités. C’est ainsi qu’en octobre 2022, après avoir occupé Bunagana, les agglomérations de Rutshuru-centre, Kiwanja, Kako, Matebe, Rubare et beaucoup d’autres localités longeant la RN2 (Chefferie de Bwisha) sont conquises. Ensuite viendra la conquête des entités de la chefferie de Bwito dont Tongo, Kibirizi, Bambo et Kishishe. Ces deux derniers villages ont connu de graves violations fin novembre 2022. Environ 300 civils ont été exécutés par le M23 et des centaines de femmes violées, selon le gouvernement. Selon l’ONU, au moins 170 personnes ont été tuées par les rebelles entre le 21 et le 30 novembre 2022.

Jeff KALALA