Solange Luashiga Furaha, née le 16 avril 1969 dans le territoire insulaire d’Iji au milieu du lac Kivu dans la province du Sud-Kivu. Cadette d’une famille de huit enfants et mère de six beaux enfants.

Cette femme leader est secrétaire exécutive du caucus des femmes congolaises du Sud-Kivu pour la Paix. Par ailleurs, pédagogue et enseignante de formation, activiste et défenseur des droits humains et de l’ égalité des genres. Solange est une défenseure des droits des femmes et membre du Mouvement ‘’Rien Sans La Femme’’. L’objectif est la représentation égalitaire des femmes et des hommes dans les instances de prise des décisions à tous les niveaux en République Démocratique du Congo et, est actuellement dans au moins 14 provinces.

Cette semaine, le desk femme de Globalinfos.net est allé à la rencontre de cette femme aux multiples casquettes.

Son parcours scolaire

J’ai grandi dans une famille où les filles étaient scolarisées au même titre que les garçons. J’ai effectué mes études primaires pendant quatre ans à l’EP LWEZA. Je parcourais plus de 10 km et après mes cours, je devais comme tous les autres villageois venir en aide aux parents dans l’exécution des travaux champêtres et ménagers.
Et quelque temps après, je suis allée à l’EP Bupemta, une école catholique de renommée. Après l’obtention du certificat de l’école primaire ; au secondaire, je me suis inscrite à l’Institut Karhanda, ensuite au Lycée Wima (ex Passionata Albert premier à Bukavu.) J’étais dans la section littéraire, option Latin-Philo.
J’étais doyenne d’internat (rire) Sous ma responsabilité, plus de 100 élèves et cette expérience m’a ouvert les opportunités de savoir communiquer avec une diversité des personnes et j’ai obtenu mon diplôme d’État en 1989.

A l’Université, j’ai étudié à l’Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu (ISP)
En deuxième graduat (G2), j’ai eu le privilège d’être engagée comme enseignante d’Anglais au lycée Wima où j’ai fini mes études secondaires. Je combine études et profession. Poursuivant mon parcours, en première Licence (L1), j’ai été nommée maire du Home des étudiantes ( à cette époque, le bloc A de l’ISP).

À 21 ans, j’ai obtenu mon diplôme de licence avec 65% en anglais et culture africaine en 1997.

Début du parcours d’une femme brave

J’aimerais de prime abord souligner que les conflits armés et la guerre à l’Est de la RDC ont conduit au dialogue pour mettre fin aux hostilités entre belligérants. D’où l’organisation du Dialogue Inter congolais de Sun City en 2002.

La participation des femmes congolaises au (Dialogue Inter – congolais) de Sun city a été stratégique car elles ont parlé d’une seule voix pour amener les belligérants à mettre fin aux hostilités en signant l’accord global et inclusif ( 1 président + 4 vices). Les congolaises s’étendent regroupées en Caucus des femmes congolaises, une bonne expérience que les femmes se sont recommandées pour la perpétuer dans leurs provinces.
Ainsi, le Sud -Kivu, sous l’accompagnement d’International Alert, avec Mme Annie Bukaraba , Responsable pays de International Alert à cette époque , les déléguées au DIC ont restitué les acquis de Sun City ( action synergique et les résultats) Situation qui a abouti à la mise en place du Caucus des femmes congolaises du Sud-Kivu pour la paix en mars 2003 Pour amener les femmes du Sud-Kivu à participer dans le processus de paix et de Démocratisation en RDC.
Participante à cette restitution, j’étais identifiée Comme femme leader dans le secteur public car à cette Époque, j ‘étais enseignante à l’Ecole d’Application de l’ISP Bukavu après le lycée wima. (rire)

Solange a un intérêt particulier sur les questions liées à la femme

Je suis pédagogue, enseignante des formations, activiste et défenseur des droits humains et de l’ égalité des genres. Et à travers le caucus des femmes, j’ai accédé à une pluie de formations en matière de gestion des conflits, mentorship, leadership et développement personnel, et beaucoup d’autres, incluant celles en rapport avec la gestion de l’organisation, la communication, le teambuilding et réseautage…
En mars 2003, notre mouvement Caucus de Femmes Congolaises a réalisé 20 ans d’existence. Et le mouvement ‘’ Rien sans la femme créé en 2015 a pour objectif, la réorientation égalitaire des hommes et des femmes dans les instances de prise de décision et nous sommes dans 14 provinces en RDC.

Comment est-elle arrivée à cette étape de sa vie?

Grâce à ma détermination, j’ai une passion naturelle pour les droits des femmes, car ayant grandi dans un environnement où l’éducation des femmes était prise au même titre que celle des hommes.
Je dois ici faire mention de la question du mentorat, des grandes dames qui m’ont aidé à comprendre qui je suis, certaines sont mortes, paix à leurs âmes, d’autres en vie dont Any BUKARABA mentore pour plusieurs. Je dois avouer qu’il y a des hommes à qui je me confie pour certaines questions stratégiques, mais la base reste ma famille.

Sa perception sur la question de la parité

J’ai la conviction qu’un jour, elle sera effective en RDC, quoiqu’aujourd’hui y a encore des problèmes. Nous vivons dans une société avec des idées patriarcales construites sur des bases socio-culturelles qui mettent la femme au second plan.
Il nous faut des lois qui révolutionnent la manière de penser, des articles clairs et précis. Nous faisons ce constat même à travers les nominations, ce sont d’abord les autorités morales qui proposent les noms. Les ambitions de femmes écartées or, que certains hommes n’ont aucun profil, mais la volonté politique de celui qui va nommer prime (regret).
On a innové avec l’article 13 : si un parti présente 50 % des femmes, elle ne donnera pas de cautions, mais c’est une bêtise. Nous avons l’expérience depuis 2006, qu’est-ce qui se passe ? Certains ramassent les femmes dans la rue … (regret)

Si le gouvernement vous accorde le ministère du genre, quel changement pouvez-vous y apporter ?

Pour apporter un changement, il faut une observation générale. M’imprégner des activités de mon prédécesseur. Ce secteur demande une étude minutieuse et une réflexion approfondie. Je vais m’inscrire dans l’idéologie du Gouvernement national. Surtout, restez humble, considérez tout le monde à sa juste valeur malgré nos fonctions.
Vous savez, plus de 50 % des femmes dans le monde sont des actrices importantes du changement. L’une des raisons pour lesquelles, en 2000, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la toute première résolution 1325 portant sur la Femme, Paix et Sécurité.

Un message particulier aux femmes ?

À toutes les femmes sans distinction, l’avenir de la République Démocratique du Congo est entre nos mains. Nous sommes parmi ceux qui élisent nos dirigeants par la voie des urnes. Utilisons notre pouvoir numérique pour élire les femmes et changer la donne. Nous devons être valablement représentés.
Déjà dans la famille où nous recevons l’éducation de base. Il est important de scolariser la jeune fille au même titre que le jeune garçon. Ainsi, nous aurons le changement voulu dans les domaines.

Solange Lwashiga Furaha dit être une source d’inspiration pour plusieurs. Sa personnalité est le fruit de sa détermination. Plusieurs fois, elle a participé aux différentes rencontres et réunions stratégiques au niveau national, régional et international sur les questions des femmes ,la paix et la sécurité.

Ruth KUTEMBA